Le verouillage périnéal, de kessé ? (Voyez comment un petit squeeze « down there » peut vous sauvez la mise dans plus d’une situation)

01 novembre 2017

Le verrouillage périnéal est une astuce contre les fuites urinaires à l’effort connue de toute physio en rééducation périnéale et pelvienne. C’est l’outil faisant l’unanimité dans le domaine et qui est le plus enseigné en consultation. On l’appelle aussi le « knack ». Honnêtement, c’est le truc le plus simple que l’on transmet souvent à la toute première rencontre et qui, dans de bien nombreux cas, donne à court terme les résultats les plus spectaculaires. Alors pourquoi n’est-il pas connu de toutes et tous ? Méchante bonne question. Et j’ai une petite opinion sur la question. (Ben kin, si j’écris là-dessus !) Peut-être parce que l’incontinence est, encore de nos jours, un sujet tabou. Alors qu’on vit dans un monde d’hyper performance (et donc un monde où l’estime de soi vacille et pique facilement du nez dès qu’on se découvre un petit point faible), ce n’est pas tellement « glamour » (et du fait, on en est pas tellement fier) de confier comment on fait pipi dans ses culottes en soulevant ses sacs d’épicerie… Comme on ne parle pas de ce problème, difficile alors de propager dans son entourage les solutions possibles. On agit comme si c’était un secret qu’on se doit de bien garder, d’un coup que ça aide quelqu’un d’autre ! Vous me connaissez, filtrer et taire de l’information pouvant améliorer la qualité de vie, c’est contre mes principes. Alors vous avez ma bénédiction ; répandez la bonne nouvelle !

Ok, assez de blabla sur mon côté humaniste/aidons notre prochain. J’en vois déjà quelques-uns piaffer d’impatience. Ben oui, je veux que tout le monde sache ce qu’est le verrouillage périnéal. Alors allons-y ! Le verrouillage périnéal consiste à serrer les muscles du plancher pelvien avant, pendant et 2 à 3 secondes suivant tout effort physique qui augmente la pression sur celui-ci, comme la toux, l’éternuement ou le geste de prendre un enfant dans ses bras. En fait, cette contraction devrait naturellement survenir. Votre corps devrait avoir l’instinct de se préparer à encaisser la pression qu’il subira. Mais arrive un moment dans la vie où le corps perd ses repères, où ça « shire ». Quand ça ? Classiquement, après une grossesse ou un accouchement, après une blessure au dos, au bassin, au périnée. Pour simplifier les choses, disons que le corps peut perdre ce réflexe ou bien ce réflexe y est encore mais avec un délai, ou bien ce réflexe est intact mais les muscles du périnée ne sont plus assez fort pour empêcher la fuite. Penser à faire le verrouillage périnéal peut aider dans les trois cas. Oui, oui ! On active nos muscles avant, pendant et quelques secondes après l’effort. Ça règle la situation si vos muscles ne se contractaient pas ou se contractaient en retard. Mais s’ils ne sont pas assez fort ? Le fait de faire la contraction de façon volontaire devrait donner un peu de pep à vos muscles et les inciter à contracter plus fort.

Ok, c’est sûr qu’il est possible de complexifier les choses. Le corps humain, c’est une des plus belles machines jamais inventée, mais elle ne vient pas avec un manuel d’instruction. Faque on l’a observé depuis des millénaires et on continue de l’analyser afin de mieux saisir toutes ses subtilités et ses nuances. On sait désormais que tout est en interaction ; on ne peut compartimenter. Il est impossible d’isoler une seule composante et croire avoir une solution au problème. Dans le « knack », le plancher pelvien est le leader. Mais il n’est pas le seul acteur. Pourquoi ? Parce qu’une fuite d’urine, c’est une fuite de pression de l’enceinte abdominale. Pour une compréhension optimale de ce concept, je vous invite à lire mon autre blogue Sport après l’accouchement ; danger ! L’enceinte abdominale est bordée par le diaphragme en haut, le transverse de l’abdomen en avant, le rachis et les multifides à l’arrière et le plancher pelvien en dessous. Et tout ce beau monde-là devrait avoir une action coordonnée entre eux. Quand on contracte le plancher pelvien dans le « knack », on espère fort fort avoir une réaction adéquate de ces autres muscles pour contrôler la pression abdominale. Mais on pourrait aussi avoir ce résultat en contractant un autre acteur de la canne de conserve, right ? Théoriquement, oui. Et pour certains, c’est plus facile et plus intuitif ainsi. So, why not ? À ce propos, je me permets d’utiliser ici une phrase que je trouve particulièrement évocatrice : « Blow before you go ». Traduction ? « Souffle avant l’action », ou quelque chose du genre. Elle n’est pas de moi, mais d’une autre physio américaine spécialisée en santé de la femme que j’aime beaucoup ; Julie Wiebe. Je l’apprécie pour la quantité de ses connaissances sur la santé féminine et pour la qualité d’analyse de cette quantité importante d’info qu’elle a su « blender » ensemble. Alors si votre anglais lu est, ma foi, pas trop pire, allez faire un tour sur son site (www.juliewiebept.com) ; vous y trouverez de biens belles choses ! Bon, revenons à nos moutons ; « Blow before you go ». Expirer avant l’action, c’est utiliser son diaphragme et, par le fait même, permettre l’activation naturelle du plancher pelvien et du transverse de l’abdomen. Bien sûr, pour que ça fonctionne, encore faut-il que la coordination de l’ensemble de ces stabilisateurs soit intacte (ou restaurée par une rééducation périnéale et pelvienne).

Le tout, vous l’aurez compris, ce fait beaucoup plus facilement et efficacement avec l’aide et le support d’une physiothérapeute en rééducation périnéale et pelvienne. Restez à l’affût, la victoire du verrouillage périnéal définitivement disponible chez une physiothérapeute près de chez vous !

P.S. : À chaque fois que je me dis : « Ha ! Voilà un sujet court et concis ! », je me fais avoir et finis quand même par écrire un roman. Comme quoi, il y a toujours de quoi à dire sur le sujet fascinant de la rééducation périnéale et pelvienne ! Ou bien c’est juste moi, je suis peut-être un peu trop passionnée…