Quand « Atchoum » invite un tsunami din bobette (ou l’incontinence urinaire d’effort, comment en arrive-t-on là ?)

01 décembre 2017

Inonder vos sous-vêtements en éternuant, ça vous est déjà arrivé ? Ou bien être victime d’une quinte de toux un peu trop productive ? Trop nombreuses sont les femmes qui appréhendent le flot de pipi qui accompagne un simple apitchoum. On parle ici d’incontinence urinaire à l’effort, bien qu’on entende encore parfois incontinence urinaire de stress (un anglicisme dérivé de « stress urinary incontinence »)

Que l’apparition de l’incontinence soit insidieuse ou soudaine, comment se développe-t-elle ? L’explication la plus succincte : un débalancement de pression. Bon, je sens que je vais devoir détailler un tantinet mon idée. Commençons donc par expliquer la continence pour ensuite mieux comprendre l’incontinence. La continence urinaire est la capacité de retenir son urine. On y arrive grâce à l’application d’une pression sur l’urètre qui est supérieure à la celle exercée sur ou par la vessie. Il existe quatre mécanismes de continence directe (aka faire pression sur l’urètre pour la maintenir suffisamment fermée). D’abord, un bouchon de mucus se forme dans l’urètre entre les mictions pour « boucher » le passage à l’urine. Ensuite, le sphincter interne de l’urètre (commandé par le cerveau à rester fermé s’il n’est pas le temps d’uriner) écrabouille l’urètre. Ensuite, un riche réseau de vaisseaux sanguins de part et d’autre de l’urètre fait pression sur celle-ci pour aider à sa fermeture. Finalement, les muscles du périnée, sous commande volontaire, peuvent contracter au besoin si l’on sent que la pression augmente. On peut donc logiquement conclure que l’incontinence urinaire survient lorsqu’un ou plusieurs de ces mécanismes est ou sont défectueux. Ainsi, les fluctuations hormonales amenant de l’atrophie vulvaire (assèchement des tissus de la vulve) sont susceptibles d’augmenter le risque de souffrir de fuites urinaires. On parle ici essentiellement de la ménopause ainsi que de l’allaitement. En effet, l’allaitement provoque la sécrétion d’hormones induisant une « mini-ménopause ». Conséquences ? Possible perte du bouchon de mucus et atrophie du réseau de vaisseaux sanguins entourant l’urètre. Les lésions musculaires (majoritairement créées lors de l’accouchement ou lors d’une intervention chirurgicales) peuvent endommagées le sphincter interne de l’urètre ainsi que les muscles du périnée.

Parce que j’aime bien imager mes propos (je trouve que ça rend les choses plus concrète), allons-y avec le fameux tube de pâte à dent. Si l’on comparait la continence à un tube de dentifrice, la solution évidente pour éviter que le dentifrice ne s’échappe serait de bien fermer le bouchon (mécanisme directe de continence). C’est pourquoi fuites urinaires égal souvent rééducation des muscles du périnée. La rééducation ne devrait malheureusement pas s’arrêter là. Intuitivement, si l’on diminuait la pression appliquée sur le tube, est-ce que ça n’aiderait pas aussi ? Ainsi, le mécanisme indirect de la continence serait une réduction de la pression abdominale. Une pression abdominale excessive est généralement causée par un mauvais patron respiratoire, par une mauvaise posture ou par l’utilisation inadéquate des abdominaux… Parce qu’une pression abdominale excessive, c’est comme squeezer trop fort le tube de dentifrice. Oui, avoir un bouchon bien fermé, c’est bien. Mais ce qui est encore mieux, c’est d’arriver à réduire la pression de « squeechage » sur le tube. On épargne un peu le bouchon de deux façons : on lui en demande moins sur le moment présent (la contraction nécessaire du périnée pour empêcher la fuite sera moins forte) et on endommage moins son intégrité (parce qu’une pression trop élevée sur les muscles du périnée a le potentiel de les affaiblir). Vous voyez ce que je veux dire ? On est gagnant sur les deux plans.

Les hommes aussi ne sont pas à l’abri. Parce que ça leur arrive aussi de mouiller leur culotte, bien qu’en proportion moindre si on compare aux femmes. Peut-être est-ce la raison pourquoi ils se sont auto-proclamé le sexe fort ? Nah, simple question de luck. Les hommes ont naturellement un plancher pelvien plus fort. Comment ? Il contient un orifice (voir ici trou dans les muscles) de moins. Et non négligeable, qui plus est ; le vagin. 1 à 0 pour les hommes. Donc moins de trous veut dire plus de muscles : 2 à 0 pour les zhomes. Mais ce n’est pas tout. Les hommes vivent beaucoup moins d’événements traumatisant la musculature du périnée. Les hommes ne vivent pas de grossesse et l’accouchement qui en découle, évidemment. On en est donc à 3 à 0 pour eux. Mais ça ne s’arrêtent pas là ; les hommes vivent aussi beaucoup moins de perturbations hormonales au cours de leur existence (que ce soit les changements hormonaux engendrés par la grossesse, l’allaitement, le cycle menstruel et la fameuse ménopause). Qui compte encore ? 4 à 0 pour les hommes. En plus, la testotérone rend d’avance la masse musculaire plus forte. 5 à 0 for men. Bref, vous aurez compris que les hommes sont physiologiquement mieux protégé contre les fuites urinaires que les femmes. Les statistiques proposent que 10% des hommes contre 50% des femmes expérimenteront de l’incontinence urinaire au cours de leur vie.

N’oublions pas que nous avons le contrôle sur un mécanisme direct de la continence : les muscles du périnée. D’où l’utilitée de les rééduquer et l’efficacité du fameux « verouillage périnéal ». (voir mon article sur le sujet : « Le verouillage périnéal ; de kessé ? ») Nous avons aussi le contrôle sur le mécanisme indirect de la continence : la pression intra-abdominale. Une rééducation posturale, abdominale et diaphragmatique s’impose donc aussi.

Le tout, vous l’aurez compris, ce fait beaucoup plus facilement et efficacement avec l’aide et le support d’une physiothérapeute en rééducation périnéale et pelvienne. Restez à l’affût, l’élaboration d’un barrage efficace contre le tsunami bientôt disponible chez une physiothérapeute près de chez vous !

P.S : Se croiser les jambes avant de tousser ou éternuer n’est pas la solution. L’action du serrement de vos jambes sur votre urètre est très négligeable et ne fait pas partie des mécanismes directs de continence… Mais bonne nouvelle ! Pour celles que ça fonctionne, vous n’êtes pas loin de la victoire. Si l’ajout de ce simple serrement suffit, y en manque pas gros à votre périnée pour enrayer la petite goutte !