Je suis une femme et j’ai mal à mon sexe : mon vagin déchire.

01 avril 2019

Ce mois-ci, tel que promis, c’est au tour des femmes ! Mais avant, merci énormément à celles qui auront guidé les hommes de leur entourage vers mon dernier article. Savoir, c’est pouvoir. Savoir ce qui ne va pas, c’est un pas vers pouvoir s’en débarrasser. Alors merci d’avoir potentiellement aider tous ces hommes. Je vous ai demandé cette fois-ci d’être patiente mais j’espère que ça en voudra la peine. Parce qu’on estime que 12 à 20% des femmes ont mal à leur sexe. Et là commence un peu de copier-coller. Car, lorsqu’il s’agit de douleur au sexe, l’homme ou la femme, ça ne fait pas tant de différence. Parce que vous aussi, vous vous sentez littéralement seules dans votre situation et pourtant vous êtes bien nombreuses à me consulter. Tout un paradoxe celui-là que d’avoir une multitude de femmes à souffrir seules et en silences de la même dysfonction. Et c’est là que ça commence pour vrai la MÊME lueur d’espoir que dans mon texte miroir du mois passé. (See ? Comme je disais plus tôt, homme ou femme, no big difference). Il s’agit aussi d’une DYSFONCTION. Pas une maladie. Votre utérus ? Vos ovaires ? Sont « just fine ». Votre vessie ? « Same thing ». Pis ben non, bien souvent, il n’y a pas d’infection. Pas de vaginite, pas d’infection urinaire, pas d’ITSS (infection transmise sexuellement ou par le sang - anciennement connues sous MTS). Ben quin, les antibios ou antifongiques (aka canestin, monesta et compagnies) « just in case » n’ont rien donné ; il n’y a pas d’infection à traiter ! Vous m’arrivez bien trop souvent mal en point dans votre corps et dans votre tête. Dans votre corps parce que vous souffrez. Et que le gynéco (si vous arrivez à en voir un) soit ne vous prend pas tellement au sérieux, soit ne sait pas quoi vous suggérez pour régler le problème. Et non, prendre un verre de vin pis relaxer, ce n’est pas un « traitement » valable. Imaginez ! Ça se dit encore de nos jours dans les bureaux de médecin ! Votre sexe a été sans contredit malmené. Des PAP-test avec le spéculum pas très friendly pour un vagin douloureux… Des échantillons d’urine, de sécrétions vaginales et peut-être de selles. Des biopsies de la vulve ou du col de l’utérus. Des échographies, Scan ou IRM. Votre tête est mal en point : test après test, le drame ce n’est pas qu’on trouve quelque chose de grave, c’est qu’on ne trouve rien ! Tout est normal ! Antibio : peut-être une légère amélioration ? ou pas. En tout cas, ça ne dure pas. Et s’il y a eu soulagement, on peut fort probablement pointer du doigt l’effet placebo. Des médicaments pour la vessie, des hormones, des anti-dépresseurs… Même résultat décevant.

Tout est beau, tout est normal. Mais la douleur, elle, est toujours là… Votre tête souffre de ne rien trouver d’anormal dans votre corps douloureux. C’est là que je réitère : il s’agit d’une dysfonction. Mais que veut dire « dysfonction » ? Bon, ce bout-là, faudra allez revoir mon dernier texte si vous souhaitez vous rafraîchir la mémoire, parce que c’est franchement PAREIL. Bon, à part qu’on ajoute un organe dans les organes à soutenir (l’utérus) et un orifice de plus dans le périnée (le vagin). Faque on parle de la même difficulté à coordonner tous ses rôles (support des organes, maintien de la continence, sexualité, stabilisation du bassin et du bas du dos). Il a de la difficulté à coordonner tous ses rôles ensembles. Les muscles ne savent plus quand contracter, ne savent plus quand relâcher. Plus tellement un scoop (car déjà révélé dans l’article d’avant) : la majorité des douleurs périnéales (aka dans la région du périnée) proviennent de muscles hypertoniques (aka trop tendu, contracté en permanence, manquant de souplesse, etc). Et c’est là que ça fait mal. Mais pourquoi ça fait mal ? Démonstration : serrez fortement votre main pour en faire un poing. Et gardez serré. Une minute. Deux minutes. Cinq minutes. Commencez-vous à sentir ce que je veux dire ? Ben imaginez maintenant vos muscles du périnée contractés … all day long … all day … all day long !

Ce qui est un peu différent chez la femme, c’est que les douleurs surviennent plus fréquemment dans un contexte de relations sexuelles. On appelle dyspareunie cette douleur présente lors des relations sexuelles. Il y a quand même une certaine logique à ce que cela soit plus fréquent chez la femme que l’homme. Les besoins d’élasticité, de détente et de souplesse du périnée féminin sont nettement plus grands pour permettre l’acte sexuel tel qu’on le conçoit généralement (aka pénétration vaginale) que pour l’homme (qui n’a généralement pas besoin de détendre un orifice pour accommoder une pénétration).

Chez la femme, les dysfonctions douloureuses du périnée peuvent se présenter sous plusieurs déclinaisons, mais la sensation d’une déchirure à l’entrée vaginale, d’une brûlure, d’un obstacle, d’un mur à franchir, de fendre en deux … Ça revient très régulièrement comme témoignage. L’élément commun ici, c’est le site de douleur qui, dans une majorité des cas, se situe à la base de l’entrée vaginale. Cette zone est nommée vestibule. Une douleur à cette région est donc appelée vestibulodynie. Mais d’autres zones peuvent aussi être douloureuses : le clitoris ? Clitoridynie. La vulve de façon plus générale ? Vulvodynie. Le coccyx ? Coccydynie. La douleur peut irradier vers l’aine, le bas ventre, plus profondément dans le vagin, le coccyx, les fesses… Bref, c’est loin d’être drôle ce qui se passe dans vos slips à vous aussi.

Mais les douleurs ne surviennent pas nécessairement lors des relations sexuelles ou exclusivement lors de celles-ci. Uriner, aller à la selle, être assise, être debout, faire du vélo ou tout autre sport, marcher… Bref, toutes les raisons peuvent être bonne pour provoquer de la douleur.

Les premiers pas de la guérison seront de retrouver le contrôle volontaire de la musculature du plancher pelvien. Apprendre à détendre ou contracter avec dextérité (comme vous savez le faire avec votre poing, parce que rendu ici dans votre lecture, j’espère que vous l’aurez relâché !). Étirer, assouplir, détendre mais aussi contracter, renforcer. Viendra ensuite (ou simultanément, c’est selon) l’exploration. Explorer les rôles du périnée pour comprendre où et comment il a perdu sa coordination. Dans son rôle de soutien aux organes ? De continence ? De stockage et/ou d’évacuation ? Dans son rôle sexuel ? Dans celui de stabilisation du bassin et du bas du dos ? Peut-être trouverons-nous de mauvaises habitudes qui précipitent le plancher pelvien vers une dysfonction. Peut-être trouverons-nous des collaborateurs trop peu actifs dans le rôle de stabilité du dos et du bassin, balayant l’excédent de boulot au plancher pelvien… Peut-être devient-il crispé de part cette surcharge. Peut-être trouverons-nous d’anciennes blessures qui auront laissé des cicatrices, un manque de souplesse ou de mobilité dans les structures (nerfs, ligaments, etc) ou dans les articulations. Et c’est exactement mon boulot en tant que physiothérapeute en rééducation périnéale et pelvienne ; analyser l’ensemble des données et facteurs pour voir où se situe la source du problème et vous aidez à vous en débarrasser une bonne fois pour toute et ainsi ramener l’harmonie dans votre périnée.

Vous serez d’accord avec moi qu’un parcours à obstacles est beaucoup plus amusant lors d’un rallye défi sportif plutôt que dans votre culotte. Restez à l’affût, un périnée sans escarpements bientôt disponible chez une physiothérapeute près de chez vous !